Comme le mot perfection, le zéro dans « zéro-déchet » peut être tétanisant. C’est pour cette raison que la démarche zéro-déchet est souvent perçue de manière erronée lorsqu’on la découvre pour la première fois. En se basant sur l’intitulé du mouvement, il est logique de penser que ce mode de vie signifie « ne plus générer aucun déchet du tout ». Mais que nenni ! Les adeptes du zéro-déchet achètent généralement en vrac pour éviter les emballages mais continuent pour certains de consommer des aliments emballés dans du papier, du verre et certains plastiques ensuite recyclés. Bien sûr, le propre de ce mouvement est bien de changer son mode de consommation et ses habitudes pour désengorger les poubelles, éviter une pollution inutile, respecter l’environnement… Mais cette démarche ne vise pas à nous transformer en intégristes.
À vrai dire, je ne connais personne qui ne produise aucun déchet. Même les précurseurs comme Béa Johnson n’atteignent pas l’objectif zéro déchet (si ça peut en rassurer certain(e)s, elle achète son beurre avec emballage). Même les plus fervents partisans du zéro-déchet n’y parviennent pas. Vous savez, ceux qui présentent ce fameux bocal rempli de détritus accumulés pendant 6 mois, un an… Celui-ci contient des déchets impossibles à recycler ! Donc il ne faut pas oublier de prendre en compte ce que ces personnes envoient au recyclage (qu’on ne voit généralement pas en photo). Pour ma part, je suis loin de ne jeter qu’un seul bocal de détritus par mois !
Voici donc quelques idées pour tenter de se rapprocher du zéro-déchet avec sérénité tout en gardant une image positive de soi-même :
1. Commencer petit
Se mettre au zéro-déchet prend du temps et de l’énergie. Lors de la découverte du mouvement, on peut se sentir emporté par une envie très pressante d’adopter tous les préceptes rapidement ou au contraire par un sentiment qui nous submerge et nous empêche d’agir. Un conseil, commencez petit ! Rendez-vous au marché de votre commune ou de votre quartier où vous trouverez probablement beaucoup de produits sans emballage ou essayez de préparer un ou plusieurs repas par semaine sans plastique. Allez-y petit à petit, « step by step » comme disent nos amis anglophones. Retrouvez d’autres astuces dans mon article : Le Zéro-déchet, par quoi commencer ?
2. Expérimenter
Nos générations ont perdu pas mal de compétences manuelles. Les écoles ont cessé d’enseigner des matières telles que la menuiserie, le jardinage, la cuisine ou la couture. Ce manque d’aptitudes nous fait généralement dépendre de la société de consommation pour répondre à presque tous nos besoins et désirs. Et ce fait contribue en partie au gaspillage. Que faire face à ce problème ? Depuis quelques années, on assiste à l’émergence du « faire soi-même ». Le web foisonne de tutoriels pour se former directement en ligne. De nombreuses personnes veulent être des acteurs et arrêter de consommer passivement. Alors pourquoi ne pas expérimenter en essayant de faire sa propre confiture ? En réparant soi-même sa chemise ? Ou en faisant pousser un plan de tomates ?
3. Essayer de faire quelque chose
La perfection n’est pas atteignable. Pour certains, cette réalité peut servir d’argument pour ne rien faire. Et je le comprends. C’est vrai, je ne peux pas personnellement résoudre le problème du plastique dans les océans, ni l’extinction massive des espèces. Mais j’ai choisi d’essayer de faire quelques efforts pour éviter d’aggraver ces problèmes en faisant des choix différents et en réduisant ma consommation de plastique ou de produits chimiques. À l’échelle mondiale, ce n’est pas grand chose. Mais je revendique les petits pas. En plus de faire du bien à la planète, ces petites actions me permettent aussi de me faire du bien car je me sens plus en accord avec la personne que j’ai envie d’être.
4. Ne croyez pas que vous devez acheter beaucoup de choses
Quand on se lance dans le zéro-déchet, on se rend compte qu’il faut s’équiper : bocaux en verre, sacs à vrac, contenants et bouteilles réutilisables, serviettes en tissu, etc. Il est très simple de trouver tout ce matériel de seconde main ou de de les fabriquer soi-même (pour certains d’entre eux). Ainsi, ce mode de vie peut être très économique. Encore mieux, il est possible que vous ayez déjà chez vous de quoi démarrer ! Pourquoi ne pas se débrouiller avec ce qu’on a sous la main ? À ce sujet, je vous renvoie vers mon article : 5 changements zéro-déchet sans rien dépenser.
5. Ne pas se sentir obligé(e) de tout faire soi-même
J’aime créer un objet à partir de rien, ou cuisiner un bon plat et apprécier le résultat final. Ça fait partie de mes centres d’intérêt. Mais tout le monde est différent (heureusement d’ailleurs !). Vous pouvez ne pas vouloir bricoler, cuisiner, ou faire vos propres cosmétiques. Et même si vous en avez envie, vous n’avez peut-être pas le temps. Alors vive les produits déjà tout prêts ! Ce que je veux dire, c’est qu’il est vraiment génial de vouloir adopter une démarche zéro-déchet qui permet de découvrir une multitude de recettes et astuces… Mais il est bon aussi de se ménager et de faire ce qui nous plaît. En ce qui me concerne, j’achète directement mon dentifrice en magasin, j’aurais peut-être envie de le fabriquer moi-même un jour mais pas en ce moment. Et ça me va très bien !
6. Ne pas se comparer aux autres
Question compliquée… On nous invite depuis l’enfance à nous comparer aux autres : à l’école, dans nos activités extra-scolaires, etc. Notre société et notre système éducatif sont basés sur la compétition (ce qui pourrait être différent mais c’est un autre débat !). Il est très difficile de ne pas se comparer aux autres et cela s’est intensifié avec les réseaux sociaux. Comme tout, les réseaux sociaux ont leurs avantages et leurs inconvénients. D’une part, chacun a la possibilité de partager des informations, ses passions et communiquer avec tout un tas de personnes. Et d’autre part, nous sommes constamment bombardés d’images d’une perfection impossible à obtenir : corps, familles, maisons, lieux de vacances, loisirs, mais aussi des images idéalisées dans les domaines de l’écologie, du minimalisme ou du zéro-déchet.
Je l’avoue, j’aime l’apparence soignée et élégante des photos que l’on associe au zéro-déchet. Et je participe moi-même à véhiculer cette image avec ce blog : les bocaux assortis, les accessoires en inox, l’esprit minimaliste et épuré… Alors que mes placards ne ressemblent pas vraiment à ça, mais plutôt à une espèce de bazar de pots et de couvercles dépareillés ! En ce qui me concerne, le zéro-déchet est beaucoup moins parfait dans la réalité. Je tenais à le dire.
La « soi-disant » perfection des images véhiculées sur internet ou les réseaux sociaux est intimidante. Personne ne devrait avoir l’impression que le mode de vie zéro-déchet est inaccessible parce qu’il/elle ne possède pas les « bons » objets ou la « bonne » déco. Alors on respire un bon coup et on réfléchit au fait que le contenu mis en ligne est mûrement choisi et que bien souvent il ne reflète pas entièrement la réalité.
7. Faire ce qu’on peut et ce qu’on veut
J’ai la chance de vivre dans une région où je peux faire mes emplettes toute l’année dans de jolis marchés et boutiques où je trouve des produits non emballés. Le vrac est une possibilité, ma démarche zéro-déchet est donc facilitée. Cependant, il existe des endroits en France et ailleurs où l’offre est moins importante et où le vrac n’a pas encore fait son apparition. Eh bien, on fait ce qu’on peut ! Et même si vous avez tout à disposition, vous n’êtes pas obligé de recourir à ces méthodes ou à vous rendre chez ces commerçants… Faites ce que vous voulez. J’achète moi-même régulièrement certains produits avec emballage. Notamment des raviolis frais aux légumes enveloppés dans du plastique dont je raffole ! Bien qu’ayant des valeurs écolos, je pars du principe qu’il faut savoir se faire plaisir sans se juger et ne pas se restreindre à tout prix sous prétexte qu’on est sensible à telle ou telle démarche. Vive la bienveillance envers soi-même et envers les autres !
Sur ce, Namasté !
C’est un super article, dont je valide tout ! J’aime d’ailleurs dire que je ne suis pas « zéro-déchet » mais « moins-de -déchets ». Cela met moins de pression…
Merci chère Luciole pour ce gentil commentaire 🙂 Très bonne idée l’expression « moins-de-déchets » !
Sympa cet article, c’est vrais que c’est avant tout un plaisir ce doux glissement vers un autre mode de consommation.
Je voulais juste ajouter que, la première démarche est de terminer ce que l’on a et de prendre en compte les dates de péremption pour ne pas avoir à jeter quelque chose qui n’a même pas été consommé.
Et puis garder tous ses pots vides, même en plastique … c’est fout ce qu’il en faut pour le vrac et ses produits maison 🙂
Merci beaucoup Michèle pour votre commentaire et vos astuces ! A bientôt 🙂