3 films sur les dessous de l’industrie de la mode

J’ai toujours aimé la création, sous toutes ses formes. J’admire les petites mains des maisons de couture, l’œil éclairé d’un designer de mode, la rigueur des savoir-faire, la beauté de l’artisanat et aussi le fait que la mode permette de se créer soi-même une seconde peau… Mais ce monde inventif et artistique s’est transformé depuis quelques décennies en industrie globale et mercantile. Comme je le rappelais dans mon article précédent, 7 astuces pour une garde-robe éthique, la mode est la 2ème industrie la plus polluante au monde.

Il existe un envers du décor aux flashs des défilés de mode ou aux paillettes des vitrines des magasins de vêtements. Le 24 avril 2013, au Bangladesh, l’effondrement du Rana Plaza, où périrent plus de 1 130 ouvriers travaillant pour des marques internationales, révéla la face cachée d’un monde devenu fou. Pour découvrir les coulisses et y voir plus clair dans cette industrie, vous pouvez visionner ces trois documentaires qui apportent chacun des points de vue différents et complémentaires.


The True Cost

Sorti en 2015, ce documentaire met en exergue les conséquences sociales et environnementales dramatiques de la fast-fashion. Le réalisateur Andrew Morgan s’est intéressé au quotidien des travailleurs à bas salaires dans les pays en développement et aux effets de la production des vêtements sur la pollution des sols et des cours d’eau ainsi que son impact sur la santé. Avec une approche environnementale, sociale et psychologique, le film ausculte la surconsommation, l’influence des médias tout en faisant le lien avec le capitalisme mondial.

Lorsque j’ai regardé The True Cost, je n’en étais pas à mon premier reportage sur le sujet, je savais à quoi m’attendre. Mais il s’avère que j’ai été bluffée. Ce film est extrêmement bien réalisé, les intervenants (l’activiste Vandanda Shiva, la militante Livia Firth, l’économiste Richard D. Wolff, la styliste Stella McCartney…) sont passionnants et les histoires personnelles des travailleurs du textile très touchantes. Le tout sans tomber dans le sensationnalisme. L’idée de ce film n’est pas de culpabiliser le consommateur mais plutôt de l’amener à s’interroger sur l’impact de la mode éphémère et sur le véritable coût de nos vêtements.

Voici quelques chiffres assez parlants qui ressortent de ce film :

  • 1 personne sur 6 dans le monde travaillerait de manière directe ou indirecte pour l’industrie de la mode
  • 80 milliards de vêtements sont produits chaque année
  • Au Bangladesh, un ouvrier dans une usine de textile gagne 2 dollars par jour
  • 85% des personnes qui travaillent dans ces usines sont des femmes

Que vous soyez une victime de la mode ou non, vous pouvez regarder The True Cost (actuellement disponible sur Netflix)


Cash Investigation : Luxe, les dessous chocs

Le luxe en France est représenté par deux mastodontes mondiaux : LVMH, avec 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires, et Kering, 8 milliards d’euros. Dans ce reportage, les équipes d’Élise Lucet se sont penchées sur les dessous de ce monde clinquant. Ouvriers traités comme des forçats, violence animale ou encore évasion fiscale… le résultat est beaucoup moins reluisant qu’on pourrait le croire. En remontant la filière du cuir des sacs à main de luxe, la journaliste Zoé de Bussierre, a découvert les horribles conditions de travail d’ouvriers sénégalais dans une usine en Toscane. Maltraitance, journées de 13h, travail non-rémunéré, conditions sanitaires déplorables, l’envers du décor est on ne peut plus choquant.

Tanneries en Toscane – Image : Premières lignes production

La deuxième partie du reportage révèle notamment comment Kering a transféré pendant des années la majorité de ses bénéfices en Suisse pour payer le moins d’impôts possible en France et en Italie. L’enquête se poursuit ensuite en Chine, premier pays producteur de fourrure au monde, pour une visite des fermes d’élevage et des abattoirs qui fournissent certaines grandes maisons de couture. Les images filmées mettent en lumière la souffrance animale et une hygiène inexistante.

Adepte de l’émission Cash Investigation depuis quelques années, j’ai trouvé ce numéro particulièrement intéressant et criant de réalisme. L’univers du luxe est relativement opaque, j’étais donc d’autant plus intriguée de découvrir les révélations des journalistes. L’enquête est vivifiante comme toujours avec Élise Lucet ! Mais âmes sensibles s’abstenir. Je n’ai pas pu regarder toutes les images tournées dans les abattoirs, c’était trop dur. En Chine, 70 millions d’animaux sont tués chaque année pour leur peau.

Le reportage à retrouver en intégralité ICI :


Révolte dans la mode

En 52 minutes, le documentaire de Laurent Lunetta et Ariel Wizman met en avant des designers et experts de la mode qui dénoncent les dérives de la fabrication de vêtements sans éthique ni démarche artistique. De New-York à Tel-Aviv, en passant pas Marseille et Amsterdam, on découvre une nouvelle génération d’activistes de la mode qui se mobilisent pour créer une mode responsable face à un système devenu aberrant et néfaste. En France, la consommation de textile s’élève à quelque 700 000 tonnes par an.

J’ai trouvé ce documentaire captivant car il introduit le problème de l’industrie textile d’un point de vue différent. Le rôle du créateur de mode y est largement abordé. Devenus poule aux œufs d’or des géants du luxe depuis les années 90, certains designers ne peuvent assurer la cadence effrénée des collections. S’en suivent burn-outs (Albert Elbaz, Ralf Simmons…), pétages de plomb (John Galliano) ou encore suicides (Alexander McQueen).

En marge des excès des maisons de luxe, certains jeunes designers créent des vêtements à partir de fibres recyclées comme Anaïs Dautais Warmel de la marque Les Récupérables, d’autres élaborent des produits à partir de coton bio comme Veja, d’autres encore comme l’anglais Daniel Harris récupèrent de vieilles machines à tisser pour revenir à une qualité de tissu authentique. Quelques créateurs en viennent même à réutiliser des techniques de couture ancestrales comme Pascale Gatzen, tandis que l’Israélienne Danit Peleg a décidé de fabriquer des vêtements conçus à partir d’une imprimante 3D. Un film réaliste mais pas anxiogène, qui redonne une lueur d’espoir dans cette industrie !

Bande annonce et film à visionner ICI

Vêtements réalisés à partir d’une imprimante 3D par la créatrice israélienne Danit Peleg – Image : La grosse boule, Arte France

J’espère que ces trois documentaires vous intéresseront. N’hésitez pas à me faire part de vos impressions dans la partie commentaires !

  1. Bonjour,
    je suis actuellement en BTS et j’ai un CCF à faire avec pour thème « Innovation et Créativité » et j’ai choisit comme problématique « Innovation et respect environnemental dans le monde de la mode ».
    Je trouve voir article extrêmement passionnant et qui va mettre d’une grande aide pour mon CCF.
    Il est riche en information et malheureusement, également en réalité.
    Bonne continuation

    • Léa Pilea

      Merci pour votre très gentil commentaire ! Je suis ravie de pouvoir un peu vous aider 😊 Très bonne continuation à vous et à bientôt !

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